Au fond du golfe normand-breton, entre la pointe de Cancale et celle de Granville, à cheval sur l’Ille-et-Vilaine et la Manche, repose l’un de ces lieux immémoriaux, paysage exploité et sacré depuis les temps préhistoriques, terre de pèlerinage médiéval : la baie du Mont-Saint-Michel. Sanctuaire unique au monde, l’abbaye attire les foules au sommet d’un rocher granitique qui, au gré des marées les plus puissantes d’Europe occidentale, habille d’eau son pied imposant ou dresse sa monumentalité de pierre au cœur d’une vaste plaine de sable parcourue par les eaux de la Sée, de la Sélune et du Couesnon. Dans ce paysage mystique et romantique proche du ciel et de la terre, les couleurs, les lumières et l’eau rivalisent d’effets de miroir et de métamorphoses délicates. Côté normand, les falaises de Champeaux, les coteaux bocagers de Dragey et de Genêts, la pointe du Grouin du Sud et le massif de l’Avranchin sont autant de points de vue sur la baie. Côté breton, cette dernière est prolongée par la vaste étendue des polders et du marais de Dol qui la jouxtent. L’attrait touristique du site, particulièrement stimulé par une prestigieuse inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, nécessite d’organiser les flux et les activités afin de limiter les dégradations sur les milieux terrestres et maritimes.
« Mont de granit, solitaire habitant des sables, qui dressait sur la grève démesurée son étrange figure gothique ».
Depuis 1965, l’urbanisation s’est étendue autour des villes d’Avranches et de Pontorson. Grâce aux acquisitions de certains sites comme les dunes du Dragey ou la pointe du Grouin du Sud, le Conservatoire du littoral a contribué, avec le soutien de ses partenaires gestionnaires, à mettre en place un dispositif cohérent et coordonné de protection de la baie. Douze sites d’intervention sont aujourd’hui opérationnels autour de la baie : 9 sur la partie normande et 3 sur la partie bretonne. L’action de gestion et de protection vise essentiellement à maintenir ou restaurer des pratiques agricoles favorables pour le paysage et la biodiversité, à intervenir sur les sites hautement touristiques et à veiller à la qualité écologique des zones humides arrière-littorales et des rives des basses-vallées alluviales des trois fleuves principaux.
• Une immense baie (dépression de 500 km²) au fond du golfe normand-breton
• Un paysage exceptionnel reconnu par l’UNESCO pour son intérêt patrimonial et esthétique, cristallisé par une monumentale abbaye gothique
• Un vaste estran sableux et des herbus à la confluence de trois fleuves : la Sée, la Sélune et le Couesnon
• Une côte bretonne composée essentiellement de cordons coquilliers, de polders cultivés et de marais
• Une côte normande où se succèdent dunes, plages et falaises de schiste
• Une grande richesse faunistique et floristique dans l’espace maritime, mais également sur les rives et dans l’arrière-pays bocager
• Une activité pastorale importante sur les herbus
• Une fréquentation touristique aux enjeux économiques essentiels pour la région, servie par des aménagements d’accueil adaptés
• Des activités de pêche à pied nombreuses et intenses sur certaines zones sensibles
• Site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et classé au titre de la loi de 1930.
BRUNET Pierre (avec la collaboration de GIRARDIN Pierre), « Inventaire régional des paysages de Basse-Normandie », Conseil Régional de Basse-Normandie-Direction Régionale de l’Environnement, 2001