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Le littoral Nord-Ouest de La Réunion est constitué de deux entités paysagères bien distinctes : les falaises de La Montagne et la plaine de Saint-Paul. Scindées par la Pointe des Galets, elles s’étendent sur les communes de Saint-Denis, La Possession, Le Port et Saint-Paul, du Cap Bernard au Cap La Houssaye. Quand la première émerge subitement de l’eau de toute son ampleur, la seconde s’évase amplement de part et d’autre de la Rivière des Galets, formant une alcôve plane qui éloigne momentanément les hauts reliefs du rivage. L’une et l’autre constituent des milieux naturels et des paysages uniques à l’échelle de l’ile. Ensemble, ces deux entités créent des contrastes saisissants. Un contraste climatique d’abord ; à La Possession, le paysage vire du gris au bleu et, de fait, se teinte de somptueux arcs-en-ciel. Un contraste de relief ensuite ; l’aplat de la plaine et de l’océan amplifie la sensation vertigineuse provoquée par le front rocheux de La Montagne et les remparts de Saint-Paul. Et un contraste urbain enfin ; entre les hameaux boisés de La Montagne et les plaines urbanisées de Saint-Denis et Saint-Paul, mais aussi entre la ville historique de Saint-Paul et la ville industrielle du Port.
« […]. Quittons l’homme et la ville aux passions mauvaises,
Allons baigner nos fronts dans l’air calmant du soir ;
Comme l’oiseau pêcheur, hôte ailé des falaises,
Montons sur quelque cap ensemble nous asseoir.
O cap Bernard ! géant dressant sur le rivage
Tes mornes flancs voilés de mornes filaos,
Solitaire falaise, où la vague sauvage
Vient battre et prolonger ses éternels sanglots !
Cime à mes pas connue, austère solitude,
D’où l’œil monte ébloui dans l’infini des airs,
O cap ! sur tes flancs noirs, loin de la multitude,
Nous viendrons chaque nuit rêver au bruit des mers.
[…] Là-haut, dans leur splendeur, les étoiles sereines
Versent sur l’Océan leurs paisibles clartés ;
Là-bas, les lourds vaisseaux aux puissantes carènes
Se meuvent lentement sur les flots argentés.
Et nous, sur le grand cap miné par les tempêtes,
Aspirant enivrés le charme des hauts lieux,
Muets, nous contemplons sous nos pieds, sur nos têtes,
L’immensité des mers, l’immensité des cieux ! […] »
1965
2014
En 1965, dans les hauteurs, seuls de petits hameaux historiques occupaient le massif de La Montagne et les hauts de Saint-Paul, où ils commençaient déjà à s’étirer le long de la route (RD41). Hormis par sa ville historique, la plaine de Saint-Paul était également peu urbanisée. Enfin, La Possession, autrefois village de pêcheur, et Le Port, village ouvrier, n’étaient qu’aux prémices de leur ère industrialo-portuaire. Entre ville dense historique (Saint-Paul), ville aérée, moderne et industrielle (Le Port), ville résidentielle (La Possession) et hameaux jardinés, les formes urbaines sont aujourd’hui devenues très variées. L’urbanisation diffuse tend néanmoins à banaliser les paysages. Les espaces agricoles (3%) et les espaces naturels (70%) forment encore d’importantes respirations dans les hauteurs, mais la pression exercée par l’urbanisation est partout de plus en plus forte.
• Des falaises surplombant à pic l’océan sur une douzaine de kilomètres, bordées par la route du littoral.
• Un grand massif forestier à La Montagne et dans les hauts de La Possession, abritant les reliques de forêt semi-sèche.
• Un paysage scandé par plusieurs ravines profondes constituant les seules « coulées vertes » entre les Hauts et les Bas.
• La rivière des Galets, l’une des quatre rivières pérennes dont les deltas sont les plus évasés. Elle forme un corridor pour la faune aquatique, crée une échappée visuelle vers l’intérieur de l’île et marque une coupure d’urbanisation majeure.
• Des habitats humides uniques sur l’ile (roselières, reliques de sub-mangrove, ...) formant une vive étendue verdoyante.
• Un cordon littoral dunaire où se concentre la ville historique de Saint-Paul et l’urbanisation industrielle.
• Un paysage fortement marqué par les infrastructures de transports routier et maritime, compartimentant le territoire.
• Une agriculture paraissant réduite, voire absente.
• De nombreux vestiges historiques préservant un charme pittoresque et traduisant les premières occupations humaines.
• Des enjeux historiques, culturels, paysagers et écologiques.
• Une forte pression urbaine liée à la proximité du Chef-lieu et des espaces de loisir balnéaires.
• Une érosion très active du rivage.
• Un assèchement rapide de l’étang causé par l’urbanisation de la baie de Saint-Paul, le drainage de la zone humide pour l’agriculture et le défrichement des pentes qui accentue l’érosion des sols vers le littoral.
• Des espèces envahissantes (EEE), perturbant les milieux naturels et homogénéisant le paysage.
• De solides outils de protection des espaces naturels et des paysages : - une partie classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et dans le cœur du Parc National de La Réunion : Ravine de la Grande Chaloupe ;
- 1 site protégé par le Conservatoire du littoral : Grande Chaloupe/ravine à Malheur (750 ha) ;
- 1 Réserve Naturelle Nationale (447 ha), où s’applique la convention Ramsar : étang de Saint-Paul ;
- 5 Espaces Naturels Sensibles : dont Domaine Fleurié (90 ha), chemin des Anglais, Etang de Saint-Paul (100 ha) ;
- 1 forêt protégée : forêt domaniale littorale de Saint-Paul ;
- 2 sites classés au titre de la loi de 1930 : grotte des Premiers Français et Ravine Bernica ;
- de nombreux sites historiques inscrits au titre de la loi 1930.
