Commune(s) LARMOR-PLAGE (56)
Surface protégée : 66.85 hectares
Unité littorale : COTE OUEST DU MORBIHAN
Bordée par les récifs de Kerpape et des Saisies, l’anse de Kerguélen étire ses blancs rivages sur plus d'un kilomètre de côtes sableuses parsemées d’affleurements rocheux.
En front d’océan, plages et rochers vivent au rythme des marées. Recouverts d’algues, peuplés d’anémones de mer, de puces de sable, de coquillages et de crustacés, ils sont le théâtre d’une vie intense.
À l’intérieur des terres, étang, marais doux et saumâtres déclinent leurs cortèges d’espèces lacustres et amphibies. Jadis reliées à la mer, ces zones marécageuses ont été isolées par de hautes digues érigées par les hommes.
Çà et là, des bois humides alternent avec des roselières. De grandes prairies forment bocage avec d’épaisses haies où se mêlent, pour le plus grand bonheur des passereaux, prunelliers, églantiers et chèvrefeuilles.
Par endroits, des chemins creux bordés de talus se transforment en véritables tunnels végétaux. Au siècle dernier, ces passages reliaient les hommes entre eux. Ils étaient en Bretagne, bien à l’abri des éléments, les voies secrètes du bocage.
Entre terres abritées et terres exposées aux éléments, l’anse de Kerguélen offre de multiples sensations. De la dune où serpentent les chemins de bois, la campagne sourit à la mer tandis qu’aux franges urbanisées, les portes des jardins s’ouvrent sur le marais comme autant de passages buissonniers.
La flore
Près de 63 espèces végétales ont été recensées sur les cordons dunaires. Les dunes grises en accueillent la plus grande proportion. Contrairement aux dunes blanches, mobiles cat fortement soumises à l'actionéolienne et périodiquement baignées par la mer, elles offrent aux plantes un riche mélange de terre et de sable. De toutes les variétés des sables, l’orobanche à odeur de girofle figure parmi les plus singulières. Elle vit sans chlorophylle. Telle la version végétale d’un certain vampire des Balkans, elle se nourrit aux dépens du gaillet des sables en enfonçant ses suçoirs dans les racines de sa victime. Emblème du Conservatoire du littoral, le chardon bleu figure parmi les meilleurs fixateurs de la dune mobile. En automne, un très bon champignon pousse à ses pieds. Si cette “oreille du panicaut” est comestible, il n’en va pas de même pour le chardon de mer, plutôt piquant et hautement protégé. En arrière du cordon dunaire, la végétation des marais est tout autre. Le potamot coloré se plait dans les mares où il flotte à la surface des eaux parmi les menthes aquatiques et les poivres d’eau. Huit sortes de joncs poussent dans les milieux humides, dont le jonc des crapauds qui servait autrefois à faire des liens. Pas moins d’une centaine d’espèces de plantes vivent dans les prairies arrière littorales. Pâturins, dactyles et fléoles y abondent et font le régal des poneysqui y broutent. En mai, les asphodèles d’Arrondeau couvrent de leur jolie hampe rose bords de chemins et clairières. Chaque plante, au-delà de sa propre existence, possède d’autres vertus. Alors que les cardères sauvages servent à fabriquer des crécelles champêtres, instruments à percussion qui font la joie des enfants, les trèfles attirent les soucis, jolis petits papillons jaunes qui raffolent du nectar de leurs fleurs.
La faune
Oiseaux des rivages, des marais ou du bocage se répartissent les territoires de l’anse de Kerguélen. Le chevalier guignette, sitôt revenu de son voyage en Hollande, s’affaire sur la grève avec d’incessants balancements de queue et de tête. Après s’être sustenté de gouleyants insectes aquatiques, il s’envole au ras des eaux. Plus en retrait du littoral, l’échasse blanche arpente les milieux humides à pas mesurés. Ses longues pattes disproportionnées lui donnent une allure élégante. Les bécassines des marais ébauchent dès l’hiver leurs comportements nuptiaux. Alors que l’une se dresse les ailes en éventail, l’autre lui tend la face intérieure de sa queue. Ce qu’il y a d’étonnant chez cet animal, c’est son vol lors des parades nuptiales de printemps. En pleine trajectoire horizontale, le mâle décroche plusieurs fois en piqués verticaux atteignant près de soixante kilomètres heure. Avec sa queue grande ouverte située à angle droit par rapport à son corps, il émet une vibration sonore proche du bêlement du mouton. À la surface des étangs, agrions délicats et gracieux volent tels des hélicoptères biologiques. Posés sur la végétation, ils forment en couples de tendres coeurs. Aux franges marécageuses, vit une drôle d’acrobate qui chante la nuit. La rainette verte se déplace en sautant d‘arbres en roseaux avec une grande agilité. Après avoir attrapé un insecte au vol, elle se fixe sur les végétaux grâce à ses pattes munies de doigts ventouses. Parmi les écuelles d’eau et les iris, nage la couleuvre à collier. Totalement inoffensive pour les hommes, elle est en revanche un redoutable prédateur pour les crapauds, grenouilles, tritons et autres amphibiens. Dérangée, elle se dresse le coup gonflé, souffle et cogne de son museau, sans pour autant mordre.
L’anse de Kerguélen, enclavée au coeur d’une ceinture urbaine, subit tout au long de l’année une fréquentation importante. Harmoniser espaces naturels et présence humaine était ici un enjeu majeur.
Acquis à partir de 1981 par le Conservatoire du Littoral et co-géré avec la Communauté d’Agglomération du Pays de Lorient, ce site bénéficie depuis d’une gestion concertée.
À un moment mité par des baraquements et des maisons, utilisé en partie par un centre nautique, il fit l’objet d’une reconquête écologique. Démolition des constructions et déplacement de l’école de voile lui permirent de retrouver son aspect naturel.
Kerguélen bénéficia très tôt d’un programme d’aménagement de chemins pédestres. Réalisé en traverses de bois sur les secteurs dunaires, en passerelles suspendues au-dessus du marais et en sentiers de terre sur les espaces stabilisés, cet itinéraire permet maintenant de découvrir les différents milieux sans préjudice pour la flore et la faune. Particulièrement sensibles au piétinement, dunes et plantes des sables ont été protégées par des enclos de ganivelles en châtaignier.
Au centre du site, le marais de Kerderff, dont la tendance naturelle conduit à l’atterrissement, est régulièrement faucardé afin de préserver sa biodiversité originale. Transformé un temps en décharge sauvage, le marais de kerguélen, situé au sud-ouest, a fait l’objet d’un programme de restauration. Déchets et gravats accumulés ont été évacués. Les ouvrages hydrauliques, altérés au fil du temps, ont également été réhabilités. Quelques poneys pâturent prairies et landes. Ils contribuent ainsi à éviter la disparition de ces habitats en limitant la progression du fourré pré-forestier.
Pour que ce site garde son caractère et permette au public de se ressourcer, il est nécessaire que chacun veille à ses actes et respecte équipements et cheminements.
L’étang de Kerguélen fut creusé à la fin du XIXe siècle pour extraire du kaolin destiné à la fabrication du papier.
Il accueille aujourd’hui flore et faune originales.
Les roseaux, coupés jadis dans le marais, servaient à couvrir les chaumières du pays. Fixé par poignées à un clayage de baguettes de châtaignier, le chaume était maintenu à l’aide de liens d’osier. Chaque rangée se chevauchait. Pour compléter le travail, le chaumier enfonçait dans le treillis végétal d’autres poignées de roseaux à l’aide d’une petite fourche. La couverture était ensuite égalisée à la faucille puis lissée avec du cuir monté sur un plateau de bois. De nos jours, un chaumier faucarde toujours en fin d'été les phragmites de Kerguélen.
Afin de construire la base sousmarine de Lorient, d’importantes quantités de sable ont été prélevées sur le site durant la seconde guerre mondiale. Cette intense activité provoqua de grands déséquilibres sur le milieu dunaire. Aujourd’hui encore, la dune blanche, affaiblie par des années d’extraction, a du mal à se reconstituer.
Lorient agglomration - Communauté d’Agglomération du Pays de Lorient
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