Commune(s) SOULAC-SUR-MER (33)
Surface protégée : 21.31 hectares
Unité littorale : DUNES ET ETANGS DE GIRONDE
La Dune de l'Amélie est située sur la commune de Soulac-sur-Mer à 10 km de l'embouchure de la Gironde et s'étend sur une superficie de 32 hectares. Pour accéder au site, il faut préalablement traverser une forêt avant de déboucher sur le haut de dune, abrupte falaise de sable de près de 8 m de dénivelé. En effet, le site est soumis à une érosion marine particulièrement active en raison de l'action combinée de la houle vers le sud et des violents courants de marée de l'estuaire de la Gironde vers le nord. La dune est entièrement grignotée, réduisant d’autant la superficie du site. En 1950, la largeur du site était de 311 m alors qu'elle n'était plus que de 208 m en 1998. Et le phénomène s'accélère encore ces dernières années avec désormais un recul de plus de 7 m par an !
Par endroit, la dune a totalement disparue et la mer ronge les espaces boisés. On peut d'ailleurs observer une adaptation de la végétation. La flore forestière, désormais soumise au vent et aux embruns est en train de disparaître, certains arbres apparaissent prostrés sous l’action des vents violents.
Flore
Plus de 100 espèces de plante ont été observées sur le site. Leur biologie est très différente selon qu'elles sont situées sur la dune ou dans la forêt.
Sur la dune blanche, d’une superficie très réduite en raison de l'érosion marine, on observe trois plantes rares : la linaire à feuille de thym, l'astragale de Bayonne, et l'œillet de France. Ces espèces sont protégées car elles ne sont présentes que sur le littoral atlantique français. Plus en arrière, la dune grise accueille notamment le garou et le raisin de mer, plante dépourvue de feuille, qui porte de gros fruits rouges toxiques.
Le milieu forestier forme un boisement mixte avec de vieux pins et un sous bois dense composé de feuillus (chênes vert ou pédonculé, arbousier). C'est dans la zone forestière que l'on trouve la plus forte diversité floristique : 60 espèces recensées dont 5 espèces d’orchidées.
Faune
Le groupe des criquets et des sauterelles est bien représenté puisque sur les 200 espèces présentes en France, on peut observer ici 67 espèces, parmi lesquelles la decticelle frêle, espèce méditerranéenne remontant jusqu'en Aquitaine. Le hanneton foulon et la ciccadelle ou grand diable sont considérés rares en France et ont trouvé refuge sur ce site.
Trois reptiles, le lézard des murailles, le lézard vert et la couleuvre verte et jaune fréquentent aussi bien la dune que la forêt. La grenouille agile reste cantonnée au milieu boisé.
Les 32 espèces d'oiseaux recensées ont une large préférence pour la forêt. Quatre espèces remarquables ont été observées, le faucon hobereau, la locustelle luscinoïde, le torcol fourmilier et l'engoulevent. Ces deux dernières espèces sont en déclin dans toute l'Europe.
L'intérêt paysager et biologique du site, menacé par un projet immobilier, ont incité le Conservatoire à acquérir ces terrains.
En collaboration avec l’ONF, la restauration de la partie boisée a permis de diversifier les essences pour obtenir une forêt de feuillus et de résineux de différentes strates et d'âges différents.
L'érosion marine étant un phénomène principalement naturel, le Conservatoire a pris pour parti de ne pas engager d'actions de lutte qui seraient de toute façon, coûteuses, inesthétiques et entraîneraient inéluctablement une augmentation de l'érosion sur les propriétés voisines.
Pour s’adapter à cette érosion de la côte, des sentiers vont prochainement être réaménagés en arrière du site dans la zone boisée avec des fenêtres de vue sur l’océan, offrant un promontoire idéal pour observer la côte.
Des panneaux sensibiliseront le public à la problématique de l’érosion et aux spécificités de la forêt littorale.
Le CPIE Médoc gère le site et propose des visites et des balades avec l’accompagnement d’un animateur nature : www.curuma.org
L'érosion marine qui entaille la dune de plusieurs mètres à chaque tempête met à jour des terrains très anciens. C’est ainsi que des découvertes ont pu être menées par un paléontologue sur le littoral de Soulac : 40 haches de bronze et 5 anneaux de fil d'or vieux de plus de 3500 ans.
La métallurgie se pratiquait à Soulac dès la protohistoire. A cette époque, l'embouchure de la Gironde divaguait comme le prouvent une multitude de petits galets sur le site de la Dune de l'Amélie.