Commune(s) QUIBERON (56), SAINT-PIERRE-QUIBERON (56)
Surface protégée : 760.33 hectares
Unité littorale : COTE OUEST DU MORBIHAN
Sublime trait d’union entre le Morbihan et le Mor Braz, la presqu’île de Quiberon s’avance profondément dans l’océan Atlantique. Au sud-ouest de l’isthme de Penthièvre, jadis recouvert par les flots, s’étire une côte sauvage aux paysages vivifiants. Façonnée dans le granite par des millénaires d’érosion marine, elle présente de multiples visages. Du côté de Beg en Aud et de la pointe du Percho, territoires ancestraux fréquentés par les hommes du néolithique et de l’Âge du fer, s’élèvent des falaises obliques déchirées par les houles. Il n’est qu’à voir la taille des gros galets drossés au fond des anses pour juger de la force colossale des éléments qui sévissent ici. À quelques encablures plus au sud, dans une perspective paysagère unique en Bretagne, se profile l’Arche de Port Blanc. Joyaux géologique éphémère, à l’égal de quelque mythique Aiguille Creuse, elle donne aux rivages un aspect fantastique. Détachés de la presqu’île, quelques îlots côtiers couverts d’obiones composent au large de Port Bara un véritable dédale rocheux où, en toute quiétude peuvent se réfugier hors de portée des humains, les oiseaux marins. Çà et là, sur les rares plages de la côte, roulent de longues vagues qui se retirent en fins liserés d’écume. En limite Sud du massif dunaire Gâvres Quiberon, l’un des plus grands de France, apparaissent des cordons dunaires chevelus. Reliques d’une époque où les vents balayaient les fonds marins exondés et charriaient sur terre d’énormes quantités de sable, d’anciennes dunes perchées couvrent une bonne partie du littoral de Saint Pierre Quiberon. À mesure que l’on rejoint l’extrémité de la presqu’île, le relief s’abaisse peu à peu pour laisser la place à de vastes pelouses rases. Lors des tempêtes d’automne et d’hiver, il règne sur ces étendues désertes une atmosphère de bout du monde qui contraste fortement avec le fourmillement estival. Plus en retrait du trait de côte, landes et pinèdes éparses sont traversées par endroits de murets de pierres qui forment un bocage lithique remarquable. À cheminer sur cette côte sauvage, le sentiment d’être au Sud, dans un pays étrangement méridional, s’impose imperceptiblement à la raison.
La flore
Dunes, falaises, pelouses et landes de la côte sauvage présentent des cortèges végétaux originaux. Dès le printemps, la flore dunaire offre une gamme de couleurs des plus riches. Du côté de Port Bara, de la dune blanche à la dune grise se côtoient, parmi de multiples nuances, le blanc des roquettes de mer, le rose des oeillets maritimes et le jaune des immortelles des dunes. Dans ces milieux sujets à mouvements, certaines plantes ont développé des capacités d’adaptation étonnantes. Pour se protéger du vent et de l’évaporation, les chiendents des sables, dont les racines chevelues fixent la dune blanche, portent des feuilles enroulées sur elles-mêmes. Les diotis maritimes bénéficient de poils serrés qui créent autour d’eux un microclimat plus humide que celui ambiant. Liserons soldanelle et euphorbes des ports possèdent une faculté précieuse. Grâce à leurs bourgeons terminaux particulièrement actifs, ils résistent à l’ensevelissement. Le chardon bleu est pourvu, en plus de cette propriété, de feuilles coriaces qui lui permettent de résister aux déchirements occasionnés par les projections sableuses. L’ophrys araignée, en bonne orchidée, a pris la forme d’un arachnide pour leurrer les vraies araignées et se faire polliniser par elles, grâce au pollen transporté à leur insu sur leurs pattes. Autres milieux, autres espèces. Les patiences des rochers se sont installées au pied des falaises maritimes où suinte l’eau douce tandis que les cristes marines, plus aériennes, ont colonisé les fissures et petits ressauts des parois rocheuses. À la croisée de ce monde minéral et des pelouses rases, arméries et silènes maritimes se sont adaptés. Alors que sur les affleurements rocheux, ils se présentent en touffes éparses, ils forment sur les pelouses littorales, en compagnie des scilles d’automne, de somptueux parterres colorés. De vastes étendues de landes littorales à ajoncs maritimes et bruyères cendrées offrent, en limite de pelouses rases, gîte et couvert à toute une faune.
La faune
Exposée aux rigueurs de l’océan et fréquentée par les promeneurs, la côte sauvage accueille les grands oiseaux marins familiers de l’Homme. Goélands cendrés et marins y évoluent en vol de reconnaissance tout au long de l’année. Les cormorans huppés préfèrent aux rivages du continent les écueils et îlots côtiers où ils nichent de février à mars. Lors de leur reproduction, ils arborent une huppe élégante pour séduire leur partenaire. Pendant les migrations, labbes, puffins et pétrels font une étape sur la presqu’île. Après s’être reposés et avoir reconstitué leurs réserves, ils poursuivent leur long périple. À chaque saison, de nombreux petits échassiers se pressent sur la grève. Les grands gravelots et les gravelots à collier interrompu, jolis oiseaux au collier noir, se nourrissent de vers, de crustacés et de coquillages. Au printemps, ils font leur nid parmi les cailloux du rivage. Leurs oeufs sont d’un tel mimétisme qu’ils se confondent parfaitement avec les petits galets des hauts de plage. Les bécasseaux violets, limicoles fréquentant l’été les côtes de la toundra Arctique, hivernent sur la presqu’île de Quiberon. Peu farouches, ils vivent en groupe durant notre saison froide. Dans le milieu dunaire, habite un batracien discret. Le pélodyte ponctué, petit crapaud des dunes, s’abrite la majeure partie du temps sous les pierres et les coquillages. Animal crépusculaire, il se déplace aussi bien dans les flaques d'eau douce qu'à sec. Un carabe méditerranéen a trouvé refuge sur la côte sauvage. L’aepus marinus est un petit coléoptère qui évolue dans les fentes des rochers recouverts à marée haute. Comme tous ses congénères, il est un excellent indicateur de biodiversité. Si le trait de côte semble parfois avare de présences animales, il n’en va pas de même pour l’arrière littoral, plus abrité. Nombre de passereaux, tels que l’alouette des champs, le traquet motteux et la fauvette pitchou évoluent sur les pelouses et dans les landes. En vol stationnaire ou sur les branches, ils enchantent l’atmosphère en rivalisant de sons mélodieux.
Particulièrement fréquentée, la côte sauvage de Quiberon a subi au cours du XXe siècle un piétinement intensif. De ce fait, une part importante de ses milieux littoraux en fut grandement altérée.
Acquise à partir de 1991 sur près de 200 hectares par le Conservatoire du Littoral, elle bénéficie depuis 1997, au titre de son intégration dans l’entité Grand Site Dunaire Gâvres Quiberon, d’une protection environnementale renforcée. Sur ce site géré par le Syndicat Mixte Grand Site Gâvres Quiberon, un important programme de restauration a été entrepris.
Achevé au début de l’année 2007, il s’est déployé à plusieurs niveaux. Un itinéraire cyclo-pédestre a été réalisé afin de canaliser la fréquentation et de favoriser une découverte respectueuse de l’environnement. Les parkings ont été déplacés en retrait des côtes et aménagés en aires naturelles de stationnement. Comme en maints endroits de Bretagne soumis à la“loi littoral“, les campings ont été redéployés dans des zones moins fragiles.
D’importantes surfaces de dunes, de pelouses et de landes ont été mises “en défend“ via des clôtures de fils d’acier et des barrières de ganivelles. Afin de recharger les cordons dunaires déficitaires en sable, des plantations d’oyats ont été opérées. Les sentiers les plus empruntés ont été protégés par des films en géotextile.
Le patrimoine architectural fait l’objet d’un programme de restauration. Des monuments mégalithiques, tel le dolmen du Percho, ont été stabilisés. Un important linéaire de murets en pierres sèches gagnés par la végétation a été réhabilité. Des campagnes d’information relatives aux périodes de nidification des oiseaux sont menées chaque année.
Le document d’objectif Natura 2000, validé en 2004, est venu renforcer l’ensemble des actions déjà entreprises.
Toutes ces interventions, aussi efficaces soient-elles, nécessitent le concours actif de chacun, aussi est-il indispensable de respecter les prescriptions des gestionnaires. La dune fossile est un cadeau du passé pour les générations futures. Depuis longtemps, elle ne se recharge plus.
Tour à tour colline, île ou presqu’île selon le niveau de l’océan, ce territoire du sud du Morbihan fut très tôt habité par l’Homme. Au large de l’isthme de Penthièvre, un important matériel archéologique constitué de foyers, de débris de flèches, de lames de silex et de sépultures, datant d’il y a environ 6500 ans, fut découvert sur l’île de Théviec. Çà et là sur la presqu’île, allées couvertes, dolmens et menhirs évoquent le temps des mégalithes au cours duquel les hommes avaient développé d’ingénieux systèmes de levage pour dresser d’énormes pierres. Tout au long de cette longue période, les belvédères seront des lieux de prédilection pour l’édification de sanctuaires. Un dolmen sera érigé à la pointe du Percho. Situé à l’Ouest de la presqu’île, en direction du soleil couchant, il surplombe encore de nos jours un océan dont la ligne d’horizon évoque le voyage vers un autre monde. À l’Âge du fer, d’excellents marins, les Vénètes, règnent sur le Mor Braz. Comme d’autres peuples celtes en Bretagne, ils utilisent les pointes littorales pour en faire des camps retranchés. À Beg en Aud, ils édifient un éperon barré, rempart fait de terre, de pierres et de bois. Point stratégique, la côte sauvage connaîtra au cours de son histoire d’autres postes de veille et de défense. En 1747, commence la construction du Fort Penthièvre destiné à protéger la presqu’île et à assurer la libre circulation entre le continent et les îles du Mor Braz. Théâtre de sanglants affrontements sous la Révolution Française, il sera investi par les Allemands au cours de la seconde guerre mondiale et utilisé pour la répression des résistants. À la pointe du Percho, subsistent les ruines d’une ancienne maison de douaniers. De nombreux vestiges de fortifications allemandes parsèment toujours les rivages de la côte sauvage. Fours à goémon, fontaines, lavoirs et murets en pierres sèches retracent une histoire plus paisible. Ils forment vers l’intérieur des terres un petit patrimoine remarquable.
Syndicat Mixte Grand Site Dunes Sauvages de Gâvres à Quiberon
Parc de Keravéon
56410 Erdeven
Tél : 02 97 55 50 89
Email : accueil@gavres-quiberon.fr
Site Internet : https://gavres-quiberon.fr/
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