Commune(s) PORT-VENDRES (66)
Surface protégée : 32.29 hectares
Unité littorale : COTE ROCHEUSE DES ALBERES
Entre Pyrénées et Méditerranée, l’Anse de Paulilles s’ouvre sur trois belles plages sableuses de la côte rocheuse des Pyrénées-Orientales, au pied du massif des Albères, sur la commune de Port-Vendres. Véritable écrin de verdure dominé par la Tour Madeloc, Paulilles est au cœur d'un grand paysage constitué des vignes en terrasse du cru Banyuls – Collioure, de forêts de chênes et de cap rocheux.
Le paysage rocheux au couleur rouge, qui a donné son nom à la Côte Vermeille, est dominé par les vignes en terrasse. Dans ce grand paysage, le domaine de Paulilles contraste de par sa végétation luxuriante de laquelle émerge une cheminée de brique de 35 mètres de haut, témoignage de l’histoire industrielle et ouvrière de ce site classé.
En 2018, Paulilles fête ses 10 ans d’ouverture au public et ses 20 ans d’acquisition par le Conservatoire du littoral.
La flore
Le site abrite une quinzaine d’espèces végétales présentant un enjeu au moins régional, dont sept sont protégées au niveau national et trois sont endémiques du littoral catalan. Parmi ces espèces patrimoniales, que l’on trouve principalement dans les habitats naturels des falaises méditerranéennes; on peut citer l’Armérie du Roussillon, le Polycarpon de Catalogne et l’Œillet des Pyrénées. L’arrière plage et le lit du Cosprons abritent également le Gattilier agneau chaste et le Tamaris d’Afrique
Le caractère luxuriant de la végétation de Paulilles est renforcé par la présence d'espèces exotiques introduites dans le « jardin du Directeur » : le Magnolia et le Cyprés de l'Arizona (Amérique du Nord), le Bougainvillier (Amérique du sud), le Troène de Chine et le Lilas des Indes (Asie)... Cette diversité attrayante et directement liée à l’histoire du site, ne doit pas faire oublier que certaines de ces espèces introduites, peuvent devenir envahissantes.
La faune
La présence d’espèces remarquables comme le lézard ocellé ou le pélodyte ponctué est avérée mais d’autres espèces, potentiellement présentes, nécessitent des inventaires complémentaires.
Le Département des Pyrénées Orientales contribue à l’acquisition du site et aux premiers aménagements réalisés dès 2003 par le Conservatoire du littoral afin de sécuriser le site, notamment en réduisant les risques incendies par le débroussaillage, en démolissant certains bâtiments qui constituent une menace pour le public et en interdisant l'accès en véhicule. Dès 2004, à l'initiative du Département futur gestionnaire, le site est partiellement ouvert au public pour accéder à la plage.
Dans un deuxième temps, le Conservatoire lance une série d'études afin de définir l'avenir de Paulilles : Étude " enjeux et contraintes ", inventaires écologiques, histoire industrielle du site…
Puis des appels à candidature pour définir un projet sont lancés. C’est finalement le projet « L’Avenir d’une mémoire » porté par l’équipe pluridisciplinaire ALEP/INCA, associant paysagistes, architectes, botanistes, économistes, hydrauliciens et ingénieurs structure qui est retenu. Le concept d’aménagement est doux, respectueux de l’histoire du site et résolument tourné vers la protection et la découverte de l’environnement. Il s’appuie sur une participation des anciens ouvriers et des associations locales de sauvegarde de l’histoire de Paulilles.
La réhabilitation de 17 ha sur les 32,5 du site dure 17 mois. L’aménagement est porté par le Département des Pyrénées Orientales, devenu gestionnaire du site en mai 2007. D’un montant total de 12 millions d’euros TTC, outre un fonds de concours du Conservatoire du Littoral, le projet a bénéficié du soutien de l’Europe, de l’Etat, de la Région Languedoc-Roussillon.
Dix ans après l’acquisition, en juin 2008, le site est ouvert au public.
En 2010, c’est l'atelier des barques qui ouvre. Ce bâtiment a pour vocation la conservation, la restauration et la valorisation du patrimoine maritime Catalan et méditerranéen. L'atelier des barques est conçu sur deux niveaux : la restauration de la collection de barques est réalisée dans sa partie basse, les visiteurs accèdent au second niveau et longe une passerelle qui domine le chantier. Un espace d'exposition permet d’appréhender l'histoire de ces bateaux et de comprendre le travail de restauration qui se déroule sous leurs yeux des visiteurs.
L'atelier est aussi un lieu de formation pour les jeunes désirant apprendre le métier de charpentier de marine ainsi que pour la professionnalisation des étudiants en patrimoine. Un des objectifs étant de transmettre des savoir-faire et le goût de l'héritage légué par les anciens.
En 2015, des visites guidées encadrées sont proposées au Cap Sud : en suivant Aline, ancienne ouvrière qui a travaillé sur le site (en réalité petite fille de), on apprend comment se fabriquait la dynamite au milieu des tuyaux, cuves et tunnels laissé en l’état. Le Cap sud n’a pas été restauré afin de conserver son caractère de friche industrielle. L’histoire y est encore présente. Compte tenu de la dangerosité de ce cap, il n’est pas accessible en visite libre.
Actualités
En 2018, Paulilles fête les 10 ans d’ouverture du site au public et les 20 ans d’acquisition par le Conservatoire du littoral. Toute au long de l’année, des évènements particuliers : des spectacles en plein air qui racontent l’histoire de Paulilles ou vont vivre le site sous un angle différent, un ouvrage spécial 10ans « Paulilles, l’avenir d’une mémoire » ; une exposition sur le Conservatoire du littoral dans l’atelier des découvertes, des expositions temporaires à la maison de site « Paulilles autrement »….
Le site naturel de Paulilles ne peut être dissocié de l'usine NOBEL implantée sur l'ensemble du domaine.
L'usine NOBEL PRB (Poudreries Réunies de Belgique) commence à produire de la nitroglycérine et des produits manufacturés en caoutchouc (pneus, tuyaux..) sur le site de Paulilles en 1870. Plus de 200 employés travaillent et sont logés sur le site, dans les corps de bâtiment situés entre la route et la voie ferrée. Le domaine vit en quasi autarcie avec son église, son école, sa coopérative et son potager. Dans les années 1900, l'usine livre 550 tonnes de dynamite destinées à la France et à ses colonies. En 1975, cette production avoisine 4000 tonnes. Le transport s'effectue en partie par bateaux depuis l'Anse ou des embarcadères sont installés. Les explosifs sont entreposés dans des ateliers enterrés qui sont reliés par des tunnels.
Après avoir développé une activité de plaquage de métaux performante dans les années 1970, la dynamiterie ferme définitivement ses portes en 1984.
Les 32,5 hectares du domaine de Paulilles n'ont été acquis par le Conservatoire qu'en 1998. La protection de cette anse a commencé avec son classement au titre de la Loi de 1930, par le décret en Conseil d'Etat du 26 juin 1979, suite à une forte mobilisation des associations locales. Avant même la fermeture de l'usine, les pressions immobilières avaient alerté les acteurs locaux sur le risque de voir ce site s'urbaniser. Lorsque la Société Civile Immobilière Mery achète Paulilles en 1988, c'est avec l'idée d'y construire une marina. Le site étant désormais classé, les projets de construction présentés par la SCI à la Commission des sites sont refusés. Le Conservatoire s'imposera progressivement comme le seul acheteur potentiel du site.
Extrait « Histoire du Roussillon, la dynamiterie Nobel »
« Le site de Paulilles n'a jamais vraiment été habité avant le XIXe siècle. Nul doute pourtant que des pécheurs ont occupé le lieu, mais aucun village ne s'y est vraiment développé. Pourtant tout change en 1870.
Cette année là une usine de dynamite appartenant à Nobel PRB (Poudrerie réunis de Belgique) s'installe sur les hauteurs de la baie. Ce site est intéressant dans la mesure où il est relativement éloigné de l'Allemagne, avec qui la France livre une guerre. C'est Léon Gambetta lui-même qui posa la première pierre le 3 décembre 1870. Cinq ans plus tard, devant le succès commercial, les responsables du site ouvrirent une extension vers le littoral. Un nouvel agrandissement eu lieu en 1879. L'effectif se porta alors à 100 personnes. La production de dynamite servira entre autre au creusement du canal de Panama.
Évidemment la fabrication d'explosifs n'est pas une activité anodine. Ainsi deux accidents mortels se produisirent à Paulilles. Le premier, le 25 juillet 1877, provoqua la mort de trois personnes, deux ouvriers et un contremaître. A cette époque, c'est 39 ouvriers et 46 ouvrières qui y travaillaient quotidiennement. Le second eu lieu le 25 juin 1882, à 23 heures. Une nouvelle explosion fit 19 morts, dont 7 personnes originaires de Banyuls sur mer. »
Renseignements et visites naturaliste ou historique du site :
Maison de site PAULILLES
RD 914
66660 PORT VENDRES
Tél. : 04 68 95 23 40
Visite guidées, expositions, Atelier des barques
http://www.ledepartement66.fr/60-le-site-de-paulilles.html
Le 17 juin 2015
Site classé de l'Anse de Paulilles