Commune(s) PLOUNEVEZ-LOCHRIST (29), TREFLEZ (29)
Surface protégée : 178.66 hectares
Unité littorale : COTE DU LEON ET DES ABERS
Situé dans le Pays Léonard, entre la baie de Goulven et l’anse du Kernic, les dunes de Keremma s’étirent sur plus de 6 kilomètres de blancs rivages. Tantôt collines, tantôt pelouses dunaires, elles se présentent, à leurs extrémités est et ouest, telles deux longues flèches mobiles. Modelées par les actions combinées des courants, des houles et des vents, ces formations sableuses se sont transformées au fil du temps.
La flèche de Pen ar C’hleuz, protégée des assauts du large par de nombreux écueils, s’est enrichie peu à peu de précieux sédiments. Transportées par des courants de dérive favorables, de gigantesques quantités de sable coquillier sont venues la consolider.
A l'est, l’évolution fut tout autre. La flèche du Kernic, non alimentée en sable et exposée à de fortes vagues, a été rognée progressivement par un incessant travail de sape.
Longtemps marécageuses, les terres situées entre le littoral et les falaises du plateau du Léon furent le domaine des schorres et des eaux stagnantes. Sous l’action volontaire d’un homme et de la population du pays, elles se transformèrent en polder au début du XIXème siècle.
Ici, de riches habitats se côtoient sur près de 2000 hectares. Vasières, prés-salés, marais et étangs forment de fécondes zones humides où se déploient d’originales formes de vie. Un gigantesque estran sableux vaseux, classé réserve maritime, sert de refuge à toute une avifaune marine. Au moment des grandes marées, il se découvre à perte de vue.
Les dunes déclinent aux beaux jours, de la dune blanche à la dune grise, de somptueuses floraisons. Longtemps utilisées pour le séchage du goémon, elles ont retrouvé de nos jours leur équilibre naturel.
La flore
Véritable laboratoire botanique à ciel ouvert, les dunes de Keremma présentent tous les profils dunaires. De remarquables cortèges végétaux les peuplent.
À la lisière des marées hautes, un liseré vert tendre annonce le couvert des chiendents des sables dont les longues racines stabilisent la dune. De jolies petites plantes aux feuilles vernissées les côtoient sur de grandes étendues. Les pourpiers de mer, grâce à leurs multiples ramifications, colonisent aisément la dune blanche.
Plus haut, à l’abri des flots, les orpins âcres viennent ensoleiller de petites touches jaunes les touffes d’oyats. Quand la terre se mélange au sable, la diversité des espèces augmente. Pas moins de 15 types d’orchidées ont été recensés ici, de la plus visible à la plus discrète. Haut et majestueux orchis pyramidal, étrange ophrys abeille, fine epipactis des marais ou petit liparis de Loesel se sont bien adaptés à la diversité des sols.
À mesure que le couvert se fait ras, les pelouses dunaires se colorent du printemps à l’automne de multiples nuances. Le jaune pâle des roses pimprenelle se mélange au rouge des chardons penchés, au vert tendre des euphorbes du littoral et au rose violacé des thyms serpolet.
En amont de la vasière, des champs d’obiones argentées couvrent des prés-salés çà et là parsemés de bruyères marines et de salicornes.
Sur l’étang de Goulven, bordé par endroits de saules à écorce jaune, des roselières à phragmites rougissent au soleil couchant.
La faune
Réserve ornithologique classée parmi les plus importantes du Nord Finistère, la baie de Goulven accueille, durant l’hiver et au moment des migrations, un nombre impressionnant d’oiseaux.
Sa situation proche d’un massif dunaire conséquent et d’un étang couvert d‘une épaisse roselière lui confère une grande originalité. Ainsi, ce sont près de 40 000 individus répartis en plus de 120 espèces qui transitent chaque année par Keremma.
Le site est également d’un intérêt national pour une dizaine d’espèces de limicoles. Avec 4000 individus, les pluviers dorés sont les plus nombreux à hiverner ici. Après s’être reproduits dans les toundras du nord de l’Europe, ils migrent en bandes vers les estrans et les polders situés plus au sud où, de leur course rapide, ils arpentent les étendues rases à la recherche de larves, mollusques et vers.
Les barges rousses et les barges à queue noire arrivent ici dès le début de l’été. Ces dernières sont des guetteuses très précieuses pour les chevaliers arlequin, bécasseaux sanderling et grands gravelots qui se meuvent sur la grève.
Nombre d’anatidés, tels les canards siffleurs, les sarcelles d’hiver ou les bernaches cravant se nourrissent dans les herbiers marins de la baie.
Sur les dunes, alouettes des champs, bouvreuils pivoine et linottes mélodieuses rivalisent de leurs jolis chants. Côté terre, le phragmite aquatique vit dans les entrelacs de la roselière. Bien que d’une présence très discrète, il se trahit par moments en émettant un cri rauque et explosif.
Les dunes de Keremma, cédées pour les deux tiers par la famille Rousseau et achetées pour le reste par le Conservatoire du Littoral en 1984, représentent un précieux héritage naturel.
Gérées par Haut Léon Communauté, elles font l’objet de mesures de protection concertées.
Ainsi, des aires de stationnement situées en retrait des côtes ont été aménagées. Dès 1980, la réalisation de campings municipaux a permis de supprimer le camping sauvage et ses nuisances. Les dunes, fortement exposées aux rigueurs de la mer et au piétinement des promeneurs, ont été renforcées grâce à des reprofilages, à la pose de ganivelles et à la plantation d’oyats. Les cheminements ont été peu à peu canalisés. Afin de maintenir le milieu ouvert et de favoriser la diversité de la flore et de la faune, les pelouses dunaires et les prairies sont pâturées en alternance par des chevaux et des bovins, et ce, dans le cadre de conventions agricoles respectueuses de l’environnement.
Pour enrayer la progression du fourré pré forestier, des fauches tardives avec exportation de matière ont lieu régulièrement.
Des actions de sensibilisation sont menées à partir de la Maison des Dunes qui accueille tout au long de l’année un public des plus variés. Un centre d’interprétation et des balades guidées permettent ainsi de découvrir ce patrimoine remarquable dont chacun a la responsabilité.
Il y a 35 000 ans, au cours de la dernière glaciation, les hommes parcouraient déjà la baie de Goulven. Un racloir moustérien découvert à Guévroc témoigne de leur présence.
Plus tard, d’autres populations occupèrent à leur tour le littoral. Elles érigèrent de monumentales allées couvertes telle celle de Guinirvit, aujourd’hui en ruine.
De toujours, les hommes ont recherché les points culminants. La butte d’Enez Vraz, occupée au néolithique, le sera aussi à l’Âge du Fer. Au Moyen Âge, une communauté monastique y construira un petit monastère autour duquel les moines défricheront et cultiveront de riches terres limoneuses.
Au XVIIe siècle, les sables se mirent à progresser sur la plaine de Tréflez. Les religieux durent quitter les lieux. La Chapelle Saint Guévroc fut ensuite bâtie sur les ruines du monastère.
En 1789, les dunes seront afféagées pour être mises en valeur. Elles serviront notamment pour le séchage du goémon.
Durant le XIXe siècle, à la suite de tentatives infructueuses initiées au siècle précédent, de grands travaux d’assèchement modifieront durablement le paysage. Louis Rousseau, adepte du catholicisme social, acquiert en 1823 une concession de terres incultes qu’il entreprend de transformer en polder. Il la nomme Keremma, du nom de sa jeune épouse Emma.
Construction de digues, renforcement des dunes, assèchement des terres et fondation d’un lieu de vie à dessein utopique s’en suivront.
Haut-Léon Communauté
29 rue des Carmes
29250 Saint-Pol de Léon
Tél : 02 98 69 10 44
Site Internet : www.hautleoncommunaute.bzh
Maison des dunes
Route de Goulven
29430 TREFLEZ
Tel : 02 98 61 69 69
Email : maisondesdunes@hlc.bzh
Site Internet : www.maisondesdunes.bzh