Commune(s) PIANOTTOLI-CALDARELLO (2A)
Surface protégée : 6.14 hectares
Unité littorale : EXTREME SUD
Sur la côte nord de la baie de Figari, le site de San Giovanni est une sorte d’îlot de nature et de culture préservé au cœur d’une micro-région marquée par une urbanisation diffuse : la proximité de la grande route territoriale et de l’aéroport de Figari, le port de plaisance de Caldarellu bien protégé au fond de la baie, dans un paysage admirable de rochers blonds et petites collines emmaquisées se reflétant dans une eau turquoise ont fait l’attrait de ce territoire qui s’avance vers la mer, entre la baie de Figari et l’anse de Chevanu.
Au sud de la tour de Caldarellu, la côte sableuse d’où émergent des massifs rocheux délimite une petite pointe basse, presque entièrement occupée par des marais, préservée de l’urbanisation touristique diffuse qui couvre la quasi-totalité des terres alentour. Les marais voisinent étonnamment un site archéologique médiéval remarquable : quatre chapelles paléochrétiennes et médiévales, arasées, dont l’une est pratiquement dans la mer.
La combinaison des petits étangs d’arrière-dune, parfois asséchés en été, et des vestiges archéologiques confère une atmosphère très particulière à ce site où la densité patrimoniale, aussi bien biologique qu’historique, est exceptionnelle.
Habitats et Flore
En arrière d’une grande dune de sable, trois petits étangs d’arrière-dune forment une mosaïque d’habitats qui abritent des espèces protégées et/ou menacées. Genévriers, Tamaris africains et Euphorbes peplis fixent le sable de la dune, qui abritent aussi la rare matthiole à trois cornes, petite plante aux fleurs roses à 4 pétales. En arrière de la plage, les zones humides se colorent de jaune lors de la floraison de la renoncule à feuilles d’ophioglosse et des petites fleurs comme des étoiles blanche de la cresse de Crète.
Faune
Malgré la fréquentation touristique importante de la baie, les petits marais de San Giovanni restent un refuge les oiseaux, reptiles et amphibiens. Le discoglosse sarde, le crapaud vert et la cistude d’Europe s’y reproduisent. Chez les oiseaux d’eau, c’est aussi le cas du tout petit grèbe castagneux couleur de châtaigne et de l’élégante aigrette garzette, toute blanche. Deux rousserolles, effarvatte et turdoïde, y font aussi leurs nids.
Dans tout l’extrême sud de la Corse (communes de Porto Vecchio, Bonifacio, Figari, Pianottoli-Caldarello, Monaccia d’Aullène), les protections terrestres du Conservatoire (4000 ha) sont complémentaires de la préservation assurée en mer et sur les îlots par la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (80 000 ha). Ce vaste ensemble préservé s’inscrit dans le cadre transfrontalier du GECT-Parc Marin International dont fait aussi partie le Parc national de l’Archipel de la Maddalena en Sardaigne.
C’est l’Office de l’Environnement de la Corse (par délégation de la Collectivité de Corse) qui gère le domaine du Conservatoire du littoral, conjointement avec la réserve naturelle, assurant ainsi une gestion intégrée terre-mer.
A proximité de la plage, à 2 mètres de profondeur, de beaux taffoni sous-marins, formes d’érosion des boules de granite typiques d’un littoral au climat chaud et sec, sont une illustration de la montée du niveau de la mer depuis plusieurs milliers d’années : ce type d’érosion ne peut se produire sous la mer. Les vestiges archéologiques, plus récents, sont une preuve supplémentaire de ce phénomène de montée des eaux : l’implantation des édifices semble compatible avec un niveau de la mer sensiblement plus bas que son niveau actuel.
Le site archéologique de la petite pointe de San Giovanni a fait l’objet de fouilles archéologiques à la fin des années 1980. Des études récentes permettent de préciser les données : à l’époque romaine, un petit ensemble d’habitats ruraux s’établit sur cette avancée protégée du golfe de Figari. Entre le IVe et le VIe siècles de notre ère, deux basiliques et un baptistère sont bâtis à proximité de l’habitat, tandis qu’un troisième édifice cultuel est élevé sur la plage, à 300 mètres du site principal, avec peut-être une fonction funéraire. Le plan des basiliques est typique de l’époque paléochrétienne, une nef rectangulaire flanquée d’une abside, tandis que le baptistère est, conformément aux usages de ce temps, un simple bassin carré entouré de 4 colonnettes. Vers le XIe siècle, le baptistère est reconstruit dans le style roman : il est doté d’une abside et d’un bassin rond. A la même époque, une quatrième chapelle est construite sur la plage, à proximité de l’ancien édifice, sur un rocher qui s’avance dans la mer.
Dans sa Géographie, écrite à l’époque d’Hadrien, au IIe siècle de notre ère, Ptolémée situait l’oppidum de Ficaria (qui donna son nom à la commune de Figari) en ce point de la carte. San Giovanni était-il donc donc l’antique Ficaria, dotée d’un port à l’époque romaine ? L’ensablement progressif et la montée du niveau de la mer pourraient être un argument en ce sens, mais les données manquent pour interpréter avec certitude le complexe rural et ecclésial paléochrétien puis médiéval de San Giovanni.
Toute proche du site, la tour de Caldarellu, qui dépendait de la juridiction de Bonifacio, a été édifiée à la fin du XVIe siècle : elle était un poste avancé de la citadelle de Bonifacio et servait également à contrôler et sécuriser la pêche au corail, qui se développait alors dans ce secteur de la Corse. Simplement couronnée de créneaux, sans mâchicoulis, elle dispose d’une bretèche protégeant la porte d’accès. Elle est inscrite sur l’inventaire des Monuments Historiques.
Sur l’interprétation du site archéologique de San Giovanni
https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1987_num_1985_1_9187
En venant de Caldarellu, un petit stationnement permet d’accéder directement au site.
Réglementation sur les terrains du Conservatoire du littoral : le camping, le bivouac, les feux, les dépôts de déchets et la circulation des véhicules à moteur sont interdits.