Commune(s) BONIFACIO (2A), FIGARI (2A)
Surface protégée : 2658.26 hectares
Unité littorale : EXTREME SUD
Le site comprend le massif de Fenu-La Trinité, les zones humides du fond du golfe de Ventilègne et la pointe de la Testa limitée à l’Ouest par la baie de Figari. Le domaine du Conservatoire se prolonge à l’Est avec le site des Falaises de Bonifacio et bien au-delà vers l’Est (jusqu’à Propriano) le long d’un littoral bénéficiant de nombreuses protections.
La baie de Paragan marque la fin du calcaire et le retour du granite et les impressionnants chaos de la Trinité dominent le littoral. Après avoir passé le feu de Fenu, la côte se fait plus douce lorsque l’on se dirige vers la Tonnara ; quelques rocs s’élevant comme des monolithes rougeoyant au couchant. La baie du Stagnolu, sa dune et son petit marais, annoncent le petit abri de la Tonnara et ses îlots. Le sentier traverse les étangs de Pisciu Cane et de Testarella, au fond de ce golfe apprécié des amateurs de kite surf. La pointe de la Testa, surplombée par le Monte Scupetu, s’avance doucement vers la mer. De petites criques de grossiers sables blonds alternent avec des pelouses, des marais et des rochers dont les formes excitent l’imagination. Plus on avance vers l’extrémité, plus la végétation se fait rase pour résister aux vents puissants.
La Trinité est un haut lieu de la biodiversité insulaire. C’est par exemple l’unique localité mondiale d’une plante, le centranthe à trois nervures, classé menacé par l’UICN et qui compte moins de 150 pieds. On y trouve aussi le lézard de Bedriaga, espèce endémique corso-sarde, qui n’est pas présente ailleurs sur le littoral de ce secteur. Ou encore trois espèces de geckos, dont l’hémidactyle verruqueux qui dans cette zone de l’extrême sud de la Corse compte les densités de populations les plus élevées de France.
La Testa constitue un vaste promontoire rocheux délimité au Nord par la N196 et à l'Est par l'étang de Pisciu cane. La partie intérieure est constituée d'un ensemble de collines et de petits vallons couverts de maquis de différentes hauteurs. Par endroits, cette végétation de maquis évolue en zones boisées dominées par le chêne vert ou le chêne liège. La façade littorale rocheuse est très découpée mais plusieurs petites plages de sable viennent entrecouper cette dernière. Au niveau de cette façade, le maquis fait place à une végétation halophile adaptée et dominée par des bosquets de lentisque. Les plages sont colonisées par une végétation caractéristique des dunes. Au total 8 habitats et 13 espèces déterminants (Znieff) ont été détectés. Parmi les espèces déterminantes la majorité sont des plantes caractéristiques du littoral corse telles que Matthiola tricuspidata, Evax rotundata ou Ambrosina bassii. On note également sur la zone la présence d'une petite mare temporaire méditerranéenne et de marais côtiers à salicornes « les salines ». http://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/940030614/
Parmi les espèces animales on relève la présence de la tortue d’Hermann (abondante), du phyllodactyle d’Europe et des deux sous-espèces du lézard de Sicile (celle provenant de Toscane et la sarde). Le discoglosse sarde et la rainette sarde se reproduisent dans les petites collections d’eau douce ou faiblement saumâtres.
Dans tout l’extrême sud de la Corse (communes de Porto Vecchio, Bonifacio, Figari, Pianottoli-Caldarello, Monaccia d’Aullène), les protections terrestres du Conservatoire (3800 ha) sont complémentaires de la préservation assurée en mer et sur les îlots par la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (80 000 ha). Ce vaste ensemble préservé s’inscrit dans le cadre transfrontalier du GECT-Parc Marin International dont fait aussi partie le Parc national de l’Archipel de la Maddalena en Sardaigne.
C’est l’Office de l’Environnement de la Corse (par délégation du Conseil Général de la corse du Sud) qui gère le domaine du Conservatoire du littoral, conjointement avec la réserve naturelle, assurant ainsi une gestion intégrée terre-mer.
Ces espaces sont vivants et fragiles, merci de respecter la réglementation et d’adopter un comportement respectueux des paysages, de la flore, de la faune et de la tranquillité des lieux. Ne laissez aucune trace de votre passage.
Les côtes comprises entre la sortie du goulet de Bonifacio et le feu de Fenu sont situées en zone de non-prélèvement de la Réserve naturelle, ce qui signifie que toute pêche, collecte ou cueillette y sont strictement interdits.
Le camping, le bivouac, les feux, les dépôts de déchets, la circulation des véhicules à moteur ainsi que le débarquement sur les îlots sont interdits.
La Trinité
« Avec ses 219 mètres d’altitude, le mont de la Trinité en impose. Il domine en contrebas lesuperbe site du pèlerinage où trône sa vieille chapelle dont les premières pierres datent sans doute du haut moyen-âge, modifiée au XIIIe siècle puis en 1880. Elle recèle de magnifiques ex-voto dont beaucoup ont trait à la mer…
… Dès le débouché de la route …l, le visiteur peut prendre le temps d’un regard sur les larges blocs de granite dominant le Piali et la partie ouest des Bouches. Aux pieds de ce patriarche, Bonifacio apparaît alors dans une tout autre symbolique.
Paragan au dessous, fille géologique de la Trinité et du Piali pourrait en témoigner avec une rive calcaire et une rive granitique. Autre témoin possible, le lézard de Bedriaga, endémique corso-sarde dont l’arbre généalogique pourrait remonter jusqu’à 19 millions d’années ! En effet, la Trinité fait partie de la chaîne ouest de la Corse dans sa poussée de l’ère primaire (300 millions d’années). Elle était donc là bien avant le Piali et sa falaise, couches calcaires horizontales d’une centaine de mètres d’épaisseur d’âge miocène (autour de 18 millions d’années). Ainsi, on peut dire que la Trinité a lentement contemplé le Piali se déposer à ses rives pour la sertir de blanc et de vert ajoutant un fard nouveau aux lèvres des Bouches.
Antériorité, pluralité minérale, promontoire. On peut filer longtemps la métaphore géologique tant le pèlerinage présente un intérêt historique et anthropologique majeur. Comme souvent, la chrétienté vient supplanter les lieux sacrés de rites païens en en faisant des lieux saints. Car il est d’abord païen et atteste une présence préhistorique pratiquant des rites sacrificiels avant d’accueillir des moines anachorètes durant le haut moyen-âge. Il est phare avant les autres par la vision des feux allumés par les moines pour aider la navigation vers Bonifacio.
Le site accueille les différences pour mieux les fondre. La périphérie ouest de Bonifacio était plutôt l’espace des bergers originaires du Sartenais et le culte festif distingue deux temps forts : a Trinità di i paisani (la Trinité des paysans) est fêtée le 2 juin et attire en pèlerinage une bonne partie de l’extrême sud de la Corse tandis que le 8 septembre est la fête des Bonifaciens qui accourent nombreux partager leurs fameuses « mirinzani cini » (aubergines farcies). Depuis 1992, ajoutons que la communauté portugaise a choisi ce lieu pour fêter en mai Notre Dame de Fatima… Toutes ces manifestations ne sont pas cloisonnées et font de la Trinité un lieu religieux ouvert qui alterne l’intimité de la retraite et la convivialité festive. » Alain Di Meglio, Les Bouches de Bonifacio, Actes Sud, 2004.
La Testa
Comme nombre d’autres sites du littoral insulaire, la Testa a connu un grand projet de développement touristique dans les années 1970. A la suite d’une forte mobilisation citoyenne et politique il a finalement été abandonné et bien des années plus tard, les deux-tiers du site sont entrés dans le domaine du Conservatoire.
Les sentiers
Depuis la plage de Paragan, suivre le littoral à droite (face à la mer). Depuis la Tonnara, suivre le littoral à gauche en direction de Stagnolu. Sentier balisé, dans les passages rocheux, suivre les cairns de pierre.
Paragan > Tunara : 4h30 (sans compter le retour, attention itinéraire long).
Le sentier littoral permet de parcourir toute la pointe en 3-4 h aller-retour.
Gestion du site
Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio/Office de l’Environnement de la Corse
Office de l’Environnement de la Corse
Renseignements touristiques