Commune(s) LESPIGNAN (34), VENDRES (34), LATTES (34)
Surface protégée : 565.25 hectares
Unité littorale : BASSE PLAINE DE L'AUDE
Située à l’exutoire de la rivière Aude, à cheval sur le département de l’Aude et de l’Hérault, la Basse Plaine de l’Aude regroupe un chapelet d’étang aussi divers que variés. Ce site est un site NATURA 2000 d’environ 4500 hectares et se situe sur les communes de Vendres, Lespignan et Nissan-lez-Ensérune, à environ une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Béziers dans l’Hérault et Fleury d’Aude et Salles d’Aude, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Narbonne dans l’Aude. Sur ces 4500 hectares d’espaces naturels lagunaires, environ 1000 hectares sont la propriété du Conservatoire du littoral.
A l’interface de la terre et de la mer, la Basse Plaine de l’Aude est coupée en son centre par le fleuve et elle est circonscrite par le Massif de la Clape au sud et les Collines d’Ensérune au nord. Cette situation géographique particulière associée à la richesse et à la diversité des milieux naturels en font un des sites les plus remarquables du pourtour méditerranéen. La Basse Plaine de l’Aude recèle une grande richesse écologique. La transition de la mer aux massifs calcaires par le biais des étangs et des marais témoigne d’une identité paysagère forte.
Longtemps convoitée par les activités économiques touristiques, la Basse Plaine de l’Aude a été façonnée par les activités agricoles. On y retrouve de la viticulture en grande majorité mais aussi de l’élevage bovin, équins et depuis peu le retour du pastoralisme ovin. Cet espace naturel protégé constitue un havre de paix et de tranquillité où cohabitent une faune et une flore remarquables et des activités humaines respectueuses de cet environnement.
Le site se compose de trois zones humides : l’étang de Vendres, (étang d’eau saumâtre), l’étang de Pissevaches, (étang d’eau salée) et l’étang de La Matte, (étang d’eau douce). La salinité est un facteur déterminant dans la composition spécifique et le fonctionnement de ces étangs. En effet, le taux de salinité va influencer considérablement les cortèges faunistiques et floristiques et favoriser la diversité écologique. Les étangs de la Basse Plaine de l’Aude sont tous différents, la salinité dans le sol et dans l’eau y est complètement différente ce qui confère à ce site cette richesse patrimoniale écologique.
Le site se caractérise par une grande diversité de milieux : milieux sableux et dunaires, zones humides douces, saumâtres et salées ; sansouires, roselières, près salés ; bocage agricole et viticole ; landes et pelouses sèches ainsi que garrigues sèches et pinèdes méditerranéennes.
La flore
Ce sont plus de 51 espèces végétales classées déterminantes ou remarquables dont 15 espèces protégées ou niveau régional ou national.
Le peuplement végétal comporte essentiellement des espèces adaptées aux conditions particulières rencontrées sur le site et notamment aux alternances de mises en eau et d'assèchement liées à la particularité du climat méditerranéen.
Les différentes espèces végétales se répartissent également en fonction du gradient de salinité que l’on trouve sur l’ensemble du site.
Parmi ces espèces, 47 espèces patrimoniales ont été recensées.
On peut notamment citer la jacynthe romaine, le limonistre ou encore le chardon bleu des sables.
Enfin certains plans d’eau et canaux sont le lieu de développement annuel de très rares herbiers aquatiques : althénies, characées, ruppias…
La faune
La Basse Plaine de l’Aude constitue tout au long de l’année un véritable lieu de prédilection pour des centaines d’oiseaux : Flamants roses, Butor étoilé, canards, limicoles, rapaces et autres sternes trouvent ici tour à tour un lieu d’hivernage, de reproduction ou de halte migratoire.
On trouve également des espèces très particulières comme les passereaux paludicoles en liaison avec les roselières ou bien des espèces comme la Pie-grièche à poitrine rose, le Rollier d’Europe, le Faucon crècerellette sur les zones de bocages agricole, qui en font des espèces attachées à ce territoire.
Autre faune remarquable : le papillon Diane, protégée, dont la magnifique chenille orange se développe sur les pieds d’aristoloches (plante hôte).
Enfin les différents étangs regorgent de faune aquacole très diversifié en liaison avec la salinité, et servent d’abri à de nombreuses espèces de poissons lagunaires lors de certaines phases de leur développement. On y trouve donc beaucoup d’espèces d’eau douces (carpe, tanche, brème, épinoche) et d’eau saumâtres à salées (muges, anguilles, juels).
Les sites du Conservatoire du littoral de Vendres et Fleury d’Aude sont aujourd’hui gérés par le Syndicat Mixte du Delta de l’Aude (SMDA) avec comme gestionnaires associés les communes de Vendres et Fleury d’Aude. Cette gestion résulte d’une approche plus globale à l’échelle du site NATURA 2000. Le site de la Basse Plaine de l’Aude a d’abord fait l’objet d’un plan de gestion des zones humides au début des années 2000. Par la suite, la démarche NATURA 2000 a été engagée avec la validation du Document d’objectifs en 2006.
A ce jour, cette démarche est bien en place localement, bien acceptée et la gestion des espaces naturels de la Basse Plaine de l’Aude s’avère très efficace, très appréciée et reconnue au niveau régional grâce au travail du SMDA.
Les principales missions sont la concertation avec les acteurs locaux, la gestion de l’eau sur les étangs, avec la gestion des ouvrages permettant les échanges d’eau ; la surveillance et la garderie, avec deux gardes du littoral et la mise en place d’opération de police ; l’entretien courant du site et de ses ouvrages, les actions de sensibilisation à l’environnement à destination du grand public et des scolaires et un gros travail effectué sur la lutte contre les espèces envahissantes animales et végétales. La mise en place de mesures agro-environnementales favorisent également la sensibilisation des agriculteurs et permettent de faire évoluer leurs pratiques qui tendent désormais vers un meilleur respect de l’environnement.
Des arrêtés municipaux ont été adoptés sur toutes les communes en vue de réglementer la pratique des véhicules à moteur dans les espaces naturels.
De nombreux projets nouveaux ou d’entretien courant voient le jour chaque année afin de mettre le site en valeur et de continuer à protéger les espèces les plus fragiles : chantier d’arrachage de jussie, piégeage de ragondins, mise en défend sur le milieu dunaire avec pose de ganivelles, pose de signalétique, travaux de curage de canaux, création d’îlots de reproduction pour l’avifaune…
Comme sur l’ensemble du littoral méditerranéen, l’histoire de la Basse Plaine de l’Aude a été bercée par l’agriculture et la viticulture en particulier. En effet, la viticulture a façonné les paysages de la Basse Plaine de l’Aude pour en devenir un espace de vie à part entière. On peut encore observer sur ce secteur, la technique dite de submersion des vignes. Au mois de mars, les vignes sont inondées d’eau douce dans le but de faire descendre la nappe de sel en dessous des racines. Cela permet également de faire un arrosage pour le départ du cycle végétatif de la vigne.
Le pastoralisme tient également une place très importante sur ce secteur : la Basse Plaine de l’Aude a longtemps été la terre de pâtures hivernales de troupeaux venus des Pyrénées. Suite à une déprise agricole dans les années 1980, le pastoralisme avait disparue de la Basse Plaine. Suite à cela, certains milieux se sont embroussaillés et les paysages ont changé. C’est au début des années 2000, que le pastoralisme est réapparu grâce à la coordination entre le SMBVA (Syndicat Mixte Basse Vallée de l’Aude) et les acteurs locaux afin de rétablir l’équilibre écologique d’une part et le retour d’une activité traditionnelle d’autre part. La désormais célèbre fête de la transhumance est le symbole de cette réussite.
Depuis, plusieurs activités agricoles ont vu le jour, un élevage de taureaux espagnols et de taureaux camarguais, avec des pratiques liées à cet élevage comme le pâturage en zones humides et la fauche du fourrage, permettant de favoriser la diversité écologique. Suite à la déprise agricole, et notamment viticole, l’oléiculture a également fait son apparition et reste une bonne reconversion pour les terres en friches de part son adaptabilité au climat. Il y a également d’autres pratiques, notamment des vergers fruitiers, un peu de céréaliculture, un peu de pêche professionnelle dans les étangs. On peut également observer partout sur les étangs de la Basse Plaine de l’Aude, des petites cabanes de chasseurs liés à l’activité de chasse au gibier d’eau qui est très encrée localement et qui reste une activité traditionnelle du territoire.
Le patrimoine bâti de Basse Plaine de l’Aude est très diversifié, que ce soit au niveau des époques ou bien au niveau des tailles des bâtisses. En effet, l’influence gallo-romaine est très présente sur le secteur, puisqu’une ancienne villa, « le temple de Vénus », propriété du Conservatoire en bordure de l’étang de Vendres, a été récemment réhabilitée et ouverte au public avec la création d’un sentier d’interprétation. Les « grangeots » façonnent également le paysage viticole puisqu’ils étaient utilisés comme cabanes de stockage de matériel et de prise de repas. On peut également observer de grandes bâtisses et de grands domaines du temps où la viticulture prospérait. Les moulins à vent sont également présents sur les crêtes et utilisent la tramontane qui souffle toute l’année. Enfin, les bergeries et capitelles que l’on retrouve partout sur le site témoignent du patrimoine pastoral ovin.
Accès :
Carte IGN Top 25 n°2743 ET (Montpellier)
Thau agglo : http://www.thau-agglo.fr