Commune(s) CALVI (2B)
Surface protégée : 67.06 hectares
Unité littorale : BALAGNE
Située aux portes de Calvi, la pointe de la Revellata, promontoire rocheux qui s’avance en mer sur 2,5 km de longueur, préfigure la très belle côte sauvage qui s’étend au sud de la ville.
Par son ampleur, son caractère sauvage, ses falaises spectaculaires et le contraste qu’elle forme avec les hautes montagnes qui dominent la plaine de Calvi, elle représente un élément unique du paysage balanin.
De l’anse de Recisa à la Punta Vaccaghja, la presqu’île présente un relief marqué et une côte rocheuse très découpée : la façade ouest offre des falaises à pic d’une centaine de mètres de hauteur alors que la façade orientale s’incline plus doucement vers la mer. Elle est reliée à la RD81b par une piste qui serpente en contrebas et sur laquelle vient s’accrocher tout un réseau de pistes connexes sillonnant la presqu’île du nord au sud et permettant d’atteindre son extrémité, dominée par la présence d’un phare automatisé.
Habitats et flore
La Revellata est considérée comme un haut lieu de la biodiversité de par ses habitats littoraux rocheux. A ce titre, elle fait partie du Site d’Importance Communautaire de Porto/ Scandola / Revellata / Calvi / Calanche de Piana qui regroupe un ensemble de côtes rocheuses et de fonds marins remarquables dont l’intégrité est unique en Europe.
Le site, et particulièrement certains espaces tels que les côtes rocheuses et les falaises maritimes, abrite des espèces végétales rares, endémiques et protégées, dont la plus emblématique est l’Armeria soleirolii, espèce endémique stricte de la côte nord-occidentale de la Corse dont on rencontre les populations les plus septentrionales sur la Revellata.
Faune
En ce qui concerne le patrimoine naturel faunistique, la presqu’île héberge de petites colonies d’oiseaux marins ou rupestres, dont l’emblématique balbuzard pêcheur et des oiseaux inféodés aux pelouses et au maquis bas.
Parmi les espèces remarquables se trouvent :
- Le Balbuzard pêcheur : deux nids artificiels, installés en 1990 et 1991, ont permis de fixer deux couples de balbuzard alors que la Revellata avait été désertée par cette espèce depuis une trentaine d’année.
- Le Cormoran huppé : une quinzaine à une trentaine de couples nichent à la Revellata selon les années.
La Revellata compte également plusieurs dizaines de couples de Goéland leucophée, le Goéland d’Audouin étant quant à lui un visiteur régulier.
La zone intertidale, accessible à pied, est elle aussi exceptionnelle, avec des espèces protégées comme la grande patelle et les trottoirs à lithophyllum.
La grotte des veaux marins située sur la côte ouest de la Revellata est aussi réputée pour avoir hébergé, jusque dans les années soixante, un des derniers groupes de phoque moine en Corse.
Alors que la presqu’île a fait l’objet d’un début d’urbanisation à la fin des années 60, la commune de Calvi a entendu revenir sur cette politique et assurer le maintien en l’état naturel de la Revellata. A cet effet, elle a demandé l’intervention du Conservatoire du littoral et un périmètre d’intervention a été créé en 1979.
En 1994, le Conservatoire a acquis 45 ha, au centre et au nord de la presqu’île en lieu et place des anciens lotissements. Néanmoins, le morcellement de la maîtrise foncière n’a pas permis au Conservatoire d’envisager la restauration du site et l’organisation de la fréquentation du public.
Compte tenu de la dégradation du site et de diverses pressions foncières, il a alors été décidé, dès 2007, que le Conservatoire du littoral mène une procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique afin d’assurer la maîtrise foncière de l’ensemble de la presqu’île.
Le projet a été déclaré d’utilité publique le 7 décembre 2012. Après 10 ans de procédure, le Conservatoire du littoral protège aujourd’hui 251 ha et a engagé des premiers travaux de restauration paysagère et d’organisation de l’accueil du public à la pointe de la presqu’île.
Les nouveaux aménagements sont gérés par le service de gestion des terrains côtiers de la Collectivité de Corse.
La Revellata renferme des traces d’occupation humaine datant du néolithique sur le site de l’Oscelluccia. Il s’agit d’un gisement de bord de mer dont les premiers vestiges furent découverts en février 1986. Un sondage (1989) a mis en évidence une couche archéologique qui semble devoir être rattachée à la phase la plus ancienne de la civilisation néolithique cardiale, qui introduisit sur l’île les premières manifestations connues de l’agriculture et de l’élevage.
Des vestiges plus récents témoignent également du passé agricole de la presqu’île. Une ancienne zone de culture de céréales est encore bien visible au nord du rétrécissement de la pointe, entre Porto Vecchio et Porto d’Oscelluccia. Cette occupation est marquée par des murs en pierres sèches qui délimitaient les parcelles, les ruines d’anciens pagliaghji et une aghja (aire de battage du blé) en très bon état de conservation.
Autre trace du passé, à proximité de la plage de l’Alga, se trouvent les ruines de la maison où le Prince Pierre-Napoléon Bonaparte, neveu de l’empereur, s’est installé à son arrivée à Calvi en 1852, avant d’établir sa résidence 10 km plus au sud, sur le territoire de Calenzana.
Un premier programme d’aménagement pour l’accueil du public permettant la découverte de la Revellata dans le respect de la nature a débuté en 2017 afin de remédier à l’entrelacs de pistes et de sentiers sans cohérence qui sillonnent la pointe.
Ces travaux, concentrés dans un premier temps au nord de la presqu’île, prévoient un réaménagement de la partie terminale de l’ancien sentier douanier qui relie la zone urbaine de Calvi au phare de la Revellata, la création de belvédères et de points de vue d’interprétation du patrimoine, la création d’une première portion du sentier des crêtes ainsi que la cicatrisation de pistes et d’anciennes constructions aux abords du phare.
La piste qui relie l’entrée de la presqu’île à la station de recherches sous-marines située à la pointe, étant difficilement carrossable, il est conseillé de laisser les véhicules à l’entrée de la presqu’île en bordure de la RD81.
Réglementation sur les terrains du Conservatoire du littoral : le camping, le bivouac, les feux, les dépôts de déchets et la circulation des véhicules à moteur sont interdits.