Commune(s) LANNION (22), TREBEURDEN (22)
Surface protégée : 118.36 hectares
Unité littorale : BAIE DE LANNION PETIT TREGOR
De l’estuaire du Léguer aux falaises de terre de Pors Mabo, le littoral présente de multiples visages. Dunes, cordons de galets, falaises, pelouses maritimes, landes, roselières et bocage composent ici un paysage harmonieux. À Beg Léguer, entre Manche et falaises de granite, de vastes plages de sable s’étirent en pente douce. Côté terre, des landes littorales impénétrables, interrompues çà et là par des affleurements rocheux recouverts de lichens colorés, s’avancent vers l’Ouest, jusqu’aux contreforts de la vallée de Goas Lagorn. Cette jolie combe sauvage, creusée par un cours d’eau durant les temps géologiques, traverse un vaste plateau bocager avant de s’ouvrir sur la mer au-delà d’un fragile cordon dunaire. Dans ce quiet vallon parcouru de haies, de chemins creux et de murets, règne une ambiance intime. Le long d’un petit ruisseau, pâtures en terrasse, forêts-galeries enchevêtrées et roselières ondulantes se déploient dans une atmosphère de bout du monde. Çà et là, quelques bosquets s’élèvent aux sommets de versants rocailleux. De gros rochers ronds entourés de pins forment au Sud un chaos aux allures féeriques. De l’autre côté du¨ruisseau de la pêcherie¨, le plateau retrouve son unité pour plonger dans la mer par les falaises abruptes de Pors Mabo. Constituées de loess transporté par les vents marins aux périodes glaciaires, elles reculent chaque année sous les effets conjoints des eaux de ruissellement et des grandes marées. Au pied de ces rivages ocre minés par les vagues, se déploie un cordon de gros galets jonché de laisses de mer. Un sentier côtier, enrichi d’une boucle faisant le tour de la vallée de Goas Lagorn, relie tous ces milieux. Retiré des grands itinéraires touristiques, il offre un charme rare.
La flore
Milieux battus par les embruns et havres de tranquillité présentent ici de remarquables contrastes paysagers. Sur la dune mobile embryonnaire, à la limite des marées de vives-eaux, se mélangent en une palette aux couleurs chaleureuses chardons bleus, liserons soldanelle et roses pimprenelle. Un petit cordon dunaire fixé par des oyats et bordé de gaillets négligés annonce la transition entre la mer et la terre. Installés à la frange haute d’un cordon de galets, les choux marins profitent des sols enrichis par le goémon. Particulièrement rares, ils sont protégés au niveau national. Les espaces situés aux avantpostes côtiers accueillent une flore plus riche. Sur les pelouses rases, arméries et silènes maritimes se répartissent en taches éparses. Orpins des Anglais, nombrils de Vénus et cristes marines colonisent les roches. Ils survivent dans ces milieux arides grâce à leurs tissus épais qui les protègent des agressions marines et leur confèrent une capacité à stocker l’eau. Les landes littorales sèches, essentiellement peuplées d’ajoncs d’Europe et de bruyères cendrées, côtoient les fourrés à prunelliers dont les fruits à saveur âcre peuvent se manger dès les premières gelées. Dans un tout autre milieu, le long du ruisseau de Goas Lagorn, saules, osmondes royales et scolopendres se partagent l’eau et l’ombre du fond de la vallée. Joncs, menthes aquatiques et iris des marais parsèment les prairies humides tandis que dans les zones marécageuses s’agitent les plumeaux des phragmites. Sur le pourtour des pâtures, chênes pédonculés et frênes dominent la végétation. Des châtaigniers aux feuillages clairs signalent les sols plus secs aux abords des chemins creux, des talus et des pentes rocheuses.
La faune
La diversité des habitats rencontrés à Beg Léguer, Goas Lagorn et Pors Mabo, où influences terrestres et marines se mêlent étroitement, augure d’une faune particulièrement riche. Dans les landes, sur les coteaux bien exposés au soleil, vivent lézard vivipare et vipère péliade. Plusieurs espèces de passereaux volent de buisson en buisson. Perché en haut des ajoncs, le bruant jaune chante de sa voix métallique pendant que la fauvette pitchou déguste une petite larve d’insecte. Une portée de renardeaux joue dans les fourrés épais de la vallée où les mammifères sont pourtant d’une grande discrétion. Leur présence se devine le plus souvent au travers d’indices tels empreintes et poils de chevreuil, cônes de pins rongés par les écureuils ou crottes de martre. L’escargot de Quimper, espèce protégée, affectionne les lieux humides et ombragés. Le long du ruisseau et dans les prairies, divers types de libellules ont été recensés dont le grand cordulegastre annelé qui aime chasser sur les cours d’eau rapides. Une quinzaine d’espèces de papillons se répartissent dans les différents habitats. Certains, comme l’argus bleu, fréquentent aussi bien les dunes que les prairies. Parmi la soixantaine d’oiseaux présents dans la vallée de Goas Lagorn, la moitié vit dans le milieu forestier. La buse variable niche parfois dans les vieux nids des corneilles alors que le pic noir semble ici n’être que de passage. Planant au-dessus du bocage, le grand corbeau traverse parfois la vallée. Lors de leur migration d’hiver, les bécasses des bois se nourrissent dans les pâtures. Une fois sustentées, elles s’abritent dans les fourrés et bois environnants. La roselière abrite la rousserolle effarvatte qui nidifie accrochée dans les phragmites. Sur les rivages de Beg Léguer à Pors Mabo, les huîtriers pie arpentent l’estran à la recherche de mollusques tandis que les hirondelles de rivage creusent leurs tunnels dans les falaises de loess.
Acquis par le Conservatoire du Littoral à partir de 1982, le site de Pors Mabo - Beg Léguer, jadis entretenu par l’agriculture, fait l’objet d’une gestion différenciée.
Grâce à un contrat-nature porté par les collectivités locales et piloté par Lannion-Trégor Communauté, il a fait l’objet d’une remise en état progressive. Le site est géré par la commune de Lannion et Lannion Trégor Communauté .
Au point d’accès principal, des aires de stationnement naturelles ont été réaménagées de façon à donner priorité aux aspects paysagers et à la circulation des piétons. Dans la vallée de Goas Lagorn, dont les prairies et le bocage ont été restaurés, un partenariat avec un agriculteur a été initié. Afin d’éviter la fermeture du milieu, un troupeau de vaches de race bretonne pie-noire, quelques chevaux de Camargue appartenant au Conseil Général et un âne broutent les espaces en fonction d’objectifs de gestion.
Le ruisseau de Goas Lagorn et son embouchure maritime, autrefois souterraine et busée, ont été restaurés. Cette réouverture a permis de constater la remontée des poissons migrateurs dès l’année suivante.
Le cordon dunaire, situé à l’exutoire du cours d’eau, a été stabilisé par la pose de ganivelles et la plantation d’oyats.
La roselière, fauchée et décapée, confère à la zone humide du moulin un rôle épurateur de premier plan.
Afin de mettre en valeur patrimoine et actions, un livret pédagogique a été conçu. Mis à la disposition des écoles, il apporte une dimension éducative à ce site original. D’importants aménagements ont été réalisés sur les parcours des sentiers, notamment des passerelles destinées à faciliter le cheminement dans les zones humides.
Afin de respecter la fragilité de ces milieux, empruntons-les pour admirer flore, faune et paysage.
Tout au long de ce littoral difficile d’accès, les landes étaient autrefois fauchées pour servir d’alimentation et de litière au bétail. La vallée de Goas Lagorn, plus abritée et féconde, fut davantage exploitée. Sur sa partie haute, haies, murets de pierres et chemins creux témoignent encore d’un long passé agricole. Ils structurent un paysage bocager au maillage étroit où culture et élevage extensifs furent longtemps pratiqués. C’est à partir de la ferme de Krech’Meur, construite à proximité d’une source, que se pratiquait l’agriculture littorale. Aujourd’hui en ruine, gagnée par les broussailles, elle évoque un passé autarcique où four à pain et puits étaient nécessaires à la vie. La morphologie du bas de la vallée conduisit à la construction d’un moulin à grains. Rare en ce secteur de la côte, sa technologie est remarquable. Il fut conçu avec deux roues à aubes destinées à compenser le faible débit du bief. Ainsi, sans quitter la vallée, il était jadis possible de semer, récolter, moudre et cuire. Depuis la déprise agricole, les coteaux rocheux et les espaces humides sont retournés à la nature. Les landes intérieures et les broussailles ont gagné du terrain. Une roselière a poussé à la place de l’étang et le moulin est devenu résidence. En haut de la vallée, la chapelle de Saint Thurien accueille chaque année un pardon. Les gens du pays qui y déambulent racontent encore bien des histoires…
VIGILANCE : érosion littoral
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